Tribune - Le Figaro - Parlons travail !

Ces dernières années, nous avons beaucoup parlé de plein-emploi. C’était essentiel, tant le chômage de masse a rongé la société française depuis depuis 40 ans. Mais le plein-emploi ne saurait constituer à lui seul un projet de société.

Avec la perte de la moitié de nos emplois industriels, le manque de compréhension des nouvelles pénibilités du monde des services, et les inégalités consacrées par la pandémie, notre rapport au travail a changé. Passé la réforme des retraite, il s’agit aujourd’hui comme l’écrit très justement le sociologue Denis Maillard « d’aménager le travail, ici et maintenant, pour qu’il soit soutenable tout au long de la vie ».

En 2017, nous n’avons pas eu la réforme honteuse pour restaurer l’attractivité, renouer avec la confiance des entrepreneurs et relancer notre industrie. Six ans plus tard l’hémisphère de la compétitivité du cerveau doit parler davantage à celui de la cohésion sociale.

Sur la santé au travail, les salaires et la formation professionnelle, le dialogue social est une partie de la question et de la réponse. Mais l’État doit aussi rester au centre du jeu et acteur quand nécessaire. Par des ajustements sur les prélèvements sociaux et les aides publiques aux entreprises, des changements de règles des marchés publics ou encore une substitution temporaire aux partenaires sociaux quand le dialogue social patine, il pourrait agir sur la hausse des salaires, l’amélioration des protections des salariés, et la performance économique et sociale des entreprises au sens large.

Cet État renouvelé, moins centré sur la « réparation a posteriori » que sur la mise en place a priori d’un environnement économique et social propice au travail digne et productif pourra alors se concentrer sur d’autres missions régaliennes essentielles, en laissant à la société civile un cadre pérenne où prospèrerait le travail de tous pour permettre à chacun de reprendre son destin en main.