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C ce soir - Débat sur les grèves, la réforme des retraites et le travail

Invitée de Karim Rissouli dans C ce soir sur France 5, j'ai débattu avec Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT, Nicolas Framont, sociologue, rédacteur en chef du magazine Frustration, Géraldine Muhlmann, professeure de sciences politiques et de philosophie politique à l’université de Paris II Panthéon-Assas, Denis Olivennes, essayiste et chef d’entreprise et Arthur Chevallier, historien, chroniqueur pour le journal Le Point.

Nous sommes revenus sur le sens des manifestations du jour, la réforme des retraites et les transformations nécessaires du monde du travail. Voici mes messages clés:

🔷 Nous sommes actuellement dans une confrontation de deux légitimités : la « légitimité politique », celle des urnes, dont sont issus le gouvernement et le parlement, et la « légitimité sociale », celle des syndicats et des manifestations. Il faut saluer le calme et la dignité de cette « légitimité sociale » exprimée par les manifestations. Les deux légitimités ont besoin l’une de l’autre : les syndicats ont besoin de portage politiques de leurs idées, les politiques ont besoin des syndicats comme « capteurs du réel » dans la société et dans le monde du travail. Mais in fine la démocratie et l’état de droit doivent faire primer la légitimité politique.

🔷 On ne peut néanmoins pas faire comme si rien ne s’était passé : la mobilisation massive et digne de la rue nous dit aussi qu’il faut rendre le travail soutenable ici et maintenant pour que la retraite ne soit pas perçue comme un bonheur différé après une vie de labeur. Je partage par ailleurs l’avis de Laurent Berger que cette réforme peut créer un ressentiment qui conduirait au vote Rassemblement National.

🔷 Nous devons notre projet de loi à une proposition présidentielle - qui a été revue depuis la campagne -, à une large concertation avec les syndicats à l’automne dernier et au débat parlementaire actuel - en particulier au Sénat. Mais la légitimité du texte final viendra du vote parlementaire - pas de l’élection d’Emmanuel Macron. Il faut donc maintenant laisser ce débat parlementaire se poursuivre et se conclure.

🔷 Il est toujours temps d’améliorer le texte - sur les carrières longues et sur les pénibilités qui sont au coeur des questions soulevées par la mobilisation. En effet la pénibilité a longtemps été pensée en fonction du monde industriel et appréhende encore mal la réalité quotidienne des travailleurs du monde des services - transporteurs, caristes, aides-soignants…

🔷 La réalité démographique de notre pays fait qu’il est nécessaire de travailler plus tout au long de la vie. On ne peut pas tout demander tout à une réforme des retraites - retraite qui cristallise toutes les inégalités et les situations personnelles d’une vie entière.

🔷 Cette réforme est nécessaire; je la voterai et j’appelle tous les députés de la majorité présidentielle à faire de même.

🔷 Je pense donc qu’il faut aller à ce temps du vote - le vote solennel, au Sénat et à l’Assemblée - et ensuite se pencher immédiatement, avec les syndicats, sur d’autres sujets comme le travail - partage de la valeur, pénibilité, santé et sécurité au travail, gouvernance… - et la transition écologique qui implique une transformation massive de notre appareil productif et de nos métiers.

🔷 L’action du gouvernement depuis 2017 a permis de faire baisser le chômage de manière drastique. C’est une avancée indéniable. En revanche, avec du recul, même si les ordonnances ont simplifié l’organisation des instances sociales de l’entreprise, on peut regretter la disparition des CHSCT qui étaient des vigies spécialisées de proximité sur la question des conditions de travail au plus proche des réalités de terrain.

🔷 Sur la pénibilité, le problème ne vient pas des ordonnances de 2017 : alors que nous perdions la moitié de nos emplois industriels en 40 ans, les gouvernements successifs n’ont collectivement pas bien appréhendé les nouvelles formes de pénibilité du monde des services qui émergeait.

🔷 Le plein-emploi est un agrégat économique, pas un projet de société; il ne protège pas de l’émergence d’une classe de travailleurs pauvres - nous le voyons au Royaume-Uni et aux Etats-Unis - ni d’une montée de l’extrême-droite - nous l’avons vu en Autriche, en Suède ou en Norvège. Nous avons beaucoup parlé de plein-emploi; parlons enfin de travail, longtemps un impensé politique de la question économique et sociale.


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