Débat au Club Landoy - L'emploi des seniors

Le faible taux d’activité des seniors en France est un vaste gâchis humain et économique. C’est aussi un risque politique majeur dans un pays où progresse en continu un parti qui se nourrit du ressentiment et à 40 mois d’une nouvelle élection présidentielle.

Mais vouloir que les seniors travaillent c’est faire le double postulat qu’ils le peuvent et qu’on leur permet de le faire. Cela pose donc la question des aptitudes physiques, des compétences et des discriminations en fin de carrière.

Or le compte n’y est pas sur ces 3 sujets. Près d’un tiers également est du au manque de formation professionnelle et à l’obsolescence des compétences tandis que 10% est lié à la santé physique ou mentale - ce taux cache de grosses disparités et monte en réalité à 35% pour les métiers les plus pénibles. Enfin, l’âgisme reste le facteur de discrimination numéro 1 pour les plus de 55 ans.

« Travailler plus longtemps commence plus tôt », les politiques de l’emploi et des retraites sont intimement liées, soutenabilité et attractivité des métiers sont inséparables.

Améliorer le taux d’emploi des seniors exige donc d’agir sur le monde du travail en général et bien en amont de l’approche de la retraite.

Pour cela, la prévention de l’usure professionnelle, une amélioration de la formation professionnelle et la lutte contre les discriminations sont nécessaires.

Mais la possibilité de la reconversion en milieu de carrière est probablement la solution la plus prometteuse. Pour cela il faut changer notre comptage de la pénibilité en introduisant une notion de « présomption d’usure professionnelle » associée à un « droit à la reconversion » pour les métiers les plus pénibles qu’il est irraisonnable d’exercer trop longtemps, fusionner les comptes (CPF, C2P, CET…) pour permettre une utilisation individuelle simplifiée en milieu de carrière, simplifier les dispositifs de reconversions collectives, introduire une visite médicale plus tôt que 45 ans et accompagnée d’un bilan de compétences pour les métiers les plus pénibles à nouveau, ou encore accélérer sur la mise en place du grand service public de la VAE.

Merci au Club Landoy et à Sibylle Le Maire de m’avoir invitée à partager mes idées aux côtés de Myriam El Khomry, Audrey Derveloy et Florence Tondu-Mélique.